L'abbé Boyer, à la tête d'un orphelinat de province depuis 1830, est un sadique-né redoutable qui mène son petit monde d'une main de fer.
Son plus grand plaisir est de broyer méthodiquement les petits êtres perdus confiés par l'Assistance Charitable de France.
D'une foi inébranlable, le bon abbé enseigne avec rigueur et droiture la piété la plus doctrinale. Les orphelins de son institution sont sa bête noire : il méprise ces enfants de démons de toute sa hauteur ogresque. 120 kilos de muscles et de haine à l'état brut s'acharnant sur les pupilles, cela entretient sa belle santé. Encouragé par ses supérieurs, loué par les dames de bonne société, dans les bonnes grâces du pape lui-même, l'abbé jouit d'une considération universelle.
Austère mais juste, le père Boyer ne flagelle ses petits orphelins que pour des motifs hautement moraux : pénitence religieuse, affermissement de la foi, élévation spirituelle. Ou des fautes graves : vol d'un morceau de pain, assoupissement à la prière du matin, récitation maladroite de la Bible en latin... Le bon père estime en effet qu'à huit ans tout enfant se doit d'être raisonnable et rompre définitivement avec les molles tendresses de l'âge candide.
- "A huit ans on est un homme, bon sang !", répète-t-il sans cesse à ses pensionnaires pleins d'ingratitude...
D'un caractère trempé, l'abbé ne supporte pas les plaintes des plus chétifs. D'ailleurs la seule vue de ces êtres débiles le met généralement hors de lui. Alors lorsqu'en plus ces derniers se plaignent, il explose le Père... Mais heureusement jamais à bout de ressources, il fait taire les récalcitrants avec des procédés qui ont fait leurs preuves : privations de nourriture, de sommeil, corvées et prières, marches nocturnes forcées pieds nus avec fardeaux, etc. Des années à observer ses protégés, à expérimenter sur eux les idées pédagogiques les plus ingénieuses lui ont apporté les bases d'un enseignement sans faille. On ne la lui fait pas à l'abbé. Autodidacte, il connaît les méthodes pour mâter ces graines de vice...
Petit Pierre est sorti de l'institution religieuse à l'âge de 21 ans avec une formation de commis agricole, après 13 ans passés sous la protection de l'abbé. Aujourd'hui il travaille comme vacher dans une ferme. Payé en pain frais, bon lait crémeux de vache, litière de paille, solitude et rosée matinale, il mange presque à sa faim. Bref, il est heureux.
Gloire à l'abbé Boyer, sévère mais juste !
Son plus grand plaisir est de broyer méthodiquement les petits êtres perdus confiés par l'Assistance Charitable de France.
D'une foi inébranlable, le bon abbé enseigne avec rigueur et droiture la piété la plus doctrinale. Les orphelins de son institution sont sa bête noire : il méprise ces enfants de démons de toute sa hauteur ogresque. 120 kilos de muscles et de haine à l'état brut s'acharnant sur les pupilles, cela entretient sa belle santé. Encouragé par ses supérieurs, loué par les dames de bonne société, dans les bonnes grâces du pape lui-même, l'abbé jouit d'une considération universelle.
Austère mais juste, le père Boyer ne flagelle ses petits orphelins que pour des motifs hautement moraux : pénitence religieuse, affermissement de la foi, élévation spirituelle. Ou des fautes graves : vol d'un morceau de pain, assoupissement à la prière du matin, récitation maladroite de la Bible en latin... Le bon père estime en effet qu'à huit ans tout enfant se doit d'être raisonnable et rompre définitivement avec les molles tendresses de l'âge candide.
- "A huit ans on est un homme, bon sang !", répète-t-il sans cesse à ses pensionnaires pleins d'ingratitude...
D'un caractère trempé, l'abbé ne supporte pas les plaintes des plus chétifs. D'ailleurs la seule vue de ces êtres débiles le met généralement hors de lui. Alors lorsqu'en plus ces derniers se plaignent, il explose le Père... Mais heureusement jamais à bout de ressources, il fait taire les récalcitrants avec des procédés qui ont fait leurs preuves : privations de nourriture, de sommeil, corvées et prières, marches nocturnes forcées pieds nus avec fardeaux, etc. Des années à observer ses protégés, à expérimenter sur eux les idées pédagogiques les plus ingénieuses lui ont apporté les bases d'un enseignement sans faille. On ne la lui fait pas à l'abbé. Autodidacte, il connaît les méthodes pour mâter ces graines de vice...
Petit Pierre est sorti de l'institution religieuse à l'âge de 21 ans avec une formation de commis agricole, après 13 ans passés sous la protection de l'abbé. Aujourd'hui il travaille comme vacher dans une ferme. Payé en pain frais, bon lait crémeux de vache, litière de paille, solitude et rosée matinale, il mange presque à sa faim. Bref, il est heureux.
Gloire à l'abbé Boyer, sévère mais juste !
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