mardi 27 janvier 2009

33 - Une miette de Réalité



Vidéo : "Camarde clandestine"

Un secret brûlant m'habite. Nommer cette flamme dont nul ne soupçonne l'existence est impossible. C'est un secret dont il m'est interdit de parler, par la force des choses : on ne prononce pas avec les mots de la terre ce qui ne se conçoit pas sur la terre. Au-delà des tremblements, plus fracassant que les tambours du coeur, hors mesure humaine, cette chose plus grande que toute chose n'est rien qu'un silence. Un simple, immense, inexplicable silence. Un murmure, une chandelle, un point.

Plus loin que l'inaudible, d'une infinie proximité, surpassant tout, le tonnerre intérieur ne peut être que muet. L'âme a aussi ses larmes : ni bornes, ni normes, ni formes. C'est une tempête folle, inouïe, extravagante. Un silence à faire éclater les pierres, à faire fondre le soleil, à faire hurler la glace. Une étincelle me hante, une particule me brûle, un souffle me désagrège.

Si je nomme ce mystère, je ne le nomme plus. Si je mets un nom dessus, il ne signifie plus rien. Si je le désigne, il n'est plus à portée de vue. Pourtant il est là, ici et si loin, tout près et inaccessible, partout et insaisissable. Les mots, les concepts, l'imagination ne peuvent le définir, l'appréhender, l'approcher : il englobe et dépasse les termes, la pensée, les cadres.

Ombre palpable et éther sidéral, brume claire et éclat abyssal, ténu comme un fétu de paille, aussi dense que le roc, présent et invisible, humble et glorieux, il se révèle à travers étoiles et grain de charbon, fontaines et goutte d'eau, parcelle et montagnes de sable, plaintes du vent et chant du brin d'herbe.

Un secret sans nom m'habite. N'importe quel mot, c'est lui. Où que la pensée aille, il n'y est pas. Échappant à toute logique, il est admis partout. Plus réel que la substance, c'est la prière du monde, la fumée des pierres, l'écho des choses.

Un éclair me pulvérise, une brise m'engloutit, un follet me dévore, un reflet me foudroie, m'anéantit, me transfigure. Ce mystère, ce secret, cette chose infinie que vous soupçonnez être Dieu, que je ne puis jamais nommer, que j'appelle par tous les mots, j'en reçois aujourd'hui l'infinitésimale saveur. Juste un fragment, rien qu'une poussière, une seule cendre.

Un atome qui m'unit à l'Univers.

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Qui est Raphaël Zacharie de IZARRA ?

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Oisif mélancolique, oiseau unique, ange joliment plumé, ainsi se présente l’auteur de ces lignes (une sorte de Peter Pan cruel et joyeux, mais parfois aussi un rat taciturne). Au-delà de cette façade mondaine, loin de certaines noirceurs facétieuses j’ai gardé en moi une part de très grande pureté. Dans mon coeur, un diamant indestructible d’un éclat indescriptible. Cet éclat transcendant, vous en aurez un aperçu à travers mes modestes oeuvres. Est-ce une grâce de me lire, pensez-vous? Osons le croire.