samedi 24 janvier 2009

66 - L’androgyne

Son charme indécis en effraie certains.

Il fascine, scandalise, éveille des passions inédites, provoque d'hypocrites répulsions, fait se détourner les regards ou au contraire les attire. Et déclenche aussi des rires.

On déteste ce qu'il a d'ambigu, chérit ce qu'il a de différent. Paradoxal, fantasmagorique et pourtant semblable à tous, il inspire les plus délicates nuances de l'amour.

Ou de la haine.

Sa beauté suspecte intrigue, inquiète, enflamme : l'essentiel chez lui, il faut le lire entre les lignes. Son visage est une grêle vernale, un rocher aux angles lisses, une plaisanterie pleine de gravité. Sa mâchoire est carrée, son front dur, son corps viril.

Ses sourires de femme font toute la différence.

Douteux, énigmatique, presque maléfique, l'androgyne est un ange entre l'enfer et le Ciel : les uns vacillent sous son ombre, les autres s'élèvent sous ses feux. Il charme les brutes, irrite les esthètes, corrompt les chastes, converti les débauchés. Ami de la vertu, il est entouré de curés pédérastes, d'épouses aussi dépravées qu'épanouies et de mystiques éphèbes. Est-il vierge ? Est-il sodomite ? Seule certitude : son âme est intacte. Ni mâle ni femelle, elle plane au-dessus des hommes et des femmes, ne s'attachant qu'au principe supérieur de l'amour, flamme qu'il semble toucher de son aile.

Partagé entre le soleil et la lune, tiraillé entre Mars et Vénus, l'androgyne à la voix de pastel est dans le secret des sexes. Entre le Cosmos et la fleur des champs, quelle différence ? Ses traits reflètent ce que vous êtes, ce que je suis, l'autre, nous, eux. Tous.

Rassemblant ce qui est séparé, identifiable et confus, alliant le noir et le blanc, à la fois différent et commun, le plus grand mystère de l'androgyne c'est qu'il donne un visage trouble à l'universel.

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Qui est Raphaël Zacharie de IZARRA ?

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Oisif mélancolique, oiseau unique, ange joliment plumé, ainsi se présente l’auteur de ces lignes (une sorte de Peter Pan cruel et joyeux, mais parfois aussi un rat taciturne). Au-delà de cette façade mondaine, loin de certaines noirceurs facétieuses j’ai gardé en moi une part de très grande pureté. Dans mon coeur, un diamant indestructible d’un éclat indescriptible. Cet éclat transcendant, vous en aurez un aperçu à travers mes modestes oeuvres. Est-ce une grâce de me lire, pensez-vous? Osons le croire.