vendredi 14 juin 2013

235 - Sous les glycines


Les glycines recouvrent le vieux mur sous le soleil vernal. Charme mélancolique de la fleur fraîchement éclose croisant la pierre ancestrale... Dans la cour, une jeune aristocrate écrit, rêveuse, la plume vagabonde, le regard dans le vague.

Approchons, penchons-nous par-dessus son épaule, lisons...

"Monsieur le Marquis,

Depuis que je vous vis, une passion singulière me dévore. En ce jour de printemps la sève monte dans le coeur comme dans la chair de tout ce qui vit, aime. Monsieur, daignerez-vous répondre à la flamme d'une jeune fille certes moins âgée que vous mais honnête, bien faite, éprise ? Il me serait agréable de recevoir l'hommage vif de votre virilité. Par les voies impies il me brûle de vous connaître, mon beau Marquis.

Jeune et féconde, je désire ardemment mettre au monde le fruit de notre union, conçu dans le plaisir. Aussi, si vous agréez à cet amour, j'aimerais que vous répandiez sans nulle retenue vos humeurs au fond de mes entrailles."

L'épistolière est en train d'achever la lettre que nous venons de lire. L'encre noire s'étale, la signature apparaît : "Marie-Sophie de la Bressière".

Retirons-nous à pas feutrés devant cette idylle naissante, laissons à leurs émois la jeune créature et son vieux Marquis. Avant de quitter la scène, admirons une dernière fois les glycines ondulant au gré de la brise, alors que le mur lézardé, séculaire, semble esquisser un immense sourire.


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Qui est Raphaël Zacharie de IZARRA ?

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Oisif mélancolique, oiseau unique, ange joliment plumé, ainsi se présente l’auteur de ces lignes (une sorte de Peter Pan cruel et joyeux, mais parfois aussi un rat taciturne). Au-delà de cette façade mondaine, loin de certaines noirceurs facétieuses j’ai gardé en moi une part de très grande pureté. Dans mon coeur, un diamant indestructible d’un éclat indescriptible. Cet éclat transcendant, vous en aurez un aperçu à travers mes modestes oeuvres. Est-ce une grâce de me lire, pensez-vous? Osons le croire.