dimanche 9 juin 2013

6 - Vieille vipère



La vieille femme se promenait toujours avec des serpents dans les poches. Ses yeux de sorcière effrayaient les enfants. Sa méchanceté n'était plus à prouver. Elle jetait parfois un ou deux serpents dans les boîtes à lettres de ses ennemis. Ou elle crachait sur les tombes des ancêtres de son village. Ou bien elle maudissait le coq perché sur le clocher. Elle était un peu folle, un peu jeteuse de sort.

Un jour je la surpris au détour de la forêt en train de danser avec Dieu sait quel diable quelque sarabande macabre sous la Lune.

Par chance j'avais avec moi un gourdin de bois vert et un sac de chats sauvages. Je lui tombai dessus sans lui laisser le temps de souffler. Après l'avoir rossée sans faiblir plusieurs minutes d'affilée, je lui jetai le contenu du sac sur les omoplates. Pendant que les bêtes lui déchiraient la peau du dos, je m'éloignai, satisfait, avec une bonne suée sur le front qui témoignait de mon ardeur à la tâche.

Le lendemain la vieille, plus fielleuse que jamais, claudiquait dans la rue, les os rompus. Penaude, elle passa devant moi sans oser croiser mon regard. Mon triomphe était éclatant. Je l'entendais qui rageait dans ses moustaches. Les enfants moqueurs lui jetaient des pierres. Je les encourageais, railleur.

Elle mourut le surlendemain, mordue par un serpent.

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Qui est Raphaël Zacharie de IZARRA ?

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Oisif mélancolique, oiseau unique, ange joliment plumé, ainsi se présente l’auteur de ces lignes (une sorte de Peter Pan cruel et joyeux, mais parfois aussi un rat taciturne). Au-delà de cette façade mondaine, loin de certaines noirceurs facétieuses j’ai gardé en moi une part de très grande pureté. Dans mon coeur, un diamant indestructible d’un éclat indescriptible. Cet éclat transcendant, vous en aurez un aperçu à travers mes modestes oeuvres. Est-ce une grâce de me lire, pensez-vous? Osons le croire.