lundi 10 juin 2013

69 - Funérailles de Robert JARRY


Comme deux ou trois-cents manceaux en cette matinée du 19 septembre 2008, j'ai assisté aux funérailles de Robert Jarry au cimetière de Pontlieue.

LE CONVOI

Les manceaux sont venus en petit nombre.

Le ciel limpide et la fraîcheur de l'air semblent faire écho aux coeurs en deuil. Mais le soleil de septembre fait l'effet d'un baume sur la mort.

Etrange sensation de mélancolie.

Les regards sont pénétrés, les fronts baissés, certaines mines sont affligées, d'autres plus calmes. Dans la foule, quelques anonymes se reconnaissent et s'échangent des sourires amicaux. Le maire écoute l'hommage d'une amie de la famille Jarry, recueilli, ému. Bientôt le convoi s'ébranle. Les pas sont lents, pesants, feutrés. Dans l'assistance, pas un murmure. Un petit vent d'automne soulève quelques feuilles mortes qui retombent aux pieds des marcheurs.

Instant solennel, le dépôt du cercueil dans la sépulture.

Instant de grâce aussi, au moins pour moi : la scène mortuaire se transforme et m'apparaît sous une lumière inattendue. Tout semble irréel, doux et lointain, idéal et paisible. Comme si les suiveurs du convoi étaient désincarnés, hors du temps et du monde matériel. Profondeurs inconnues de l'âme aux prises avec les mystères oniriques... Je vois une troupe d'êtres célestes escorter une étoile jusqu'au seuil du firmament pour lui dire adieu. Les visages qui m'entourent n'ont plus de nom, plus d'identité temporelle : la poésie universelle a transfiguré les êtres et les choses autour de moi, et à travers les larmes j'entrevois le pur cristal d'une vérité poétique révélée.

Comme les autres manceaux, je m'approche de la tombe. Le gouffre ouvert à mes pieds ne m'effraie pas et la vue de cette chose qui gît au fond n'a point ce goût amer que j'avais tant redouté. Presque détaché, je jette un regard un peu distrait sur le bois couvert de chrysanthèmes, étonné par la sérénité de mon geste.

Au loin, le bruit atténué d'un TGV fait songer à un vol d'oiseaux au-dessus de l’assemblée. Quelques têtes se lèvent au ciel. Tout est fini.

On vient de mettre un ami en terre.

VOIR LA VIDEO :

http://www.dailymotion.com/video/xxa4cl_funerailles-de-robert-jarry-raphael-zacharie-de-izarra_news#.URA4xqXRvns

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Qui est Raphaël Zacharie de IZARRA ?

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Oisif mélancolique, oiseau unique, ange joliment plumé, ainsi se présente l’auteur de ces lignes (une sorte de Peter Pan cruel et joyeux, mais parfois aussi un rat taciturne). Au-delà de cette façade mondaine, loin de certaines noirceurs facétieuses j’ai gardé en moi une part de très grande pureté. Dans mon coeur, un diamant indestructible d’un éclat indescriptible. Cet éclat transcendant, vous en aurez un aperçu à travers mes modestes oeuvres. Est-ce une grâce de me lire, pensez-vous? Osons le croire.